Euloge Malonga dirigera l'équipe Suisse au Bocuse d'Or Europe 2024

Isabelle Buesser-Waser – 14 novembre 2023
Alors que Stéphanie Zosso (25 ans), Sous-cheffe du Boutique Hôtel Glacier à Grindelwald, a déclaré forfait quelques jours avant le concours, c'est le Bernois Euloge Malonga (39 ans) qui s'est imposé lors de la sélection suisse du Bocuse d'Or Europe.

«Participer à des concours, c'est ce qui m'a ouvert les portes des grandes cuisines du monde», racontait Anton Mosimann, qui a récemment préparé le repas du couronnement du Roi Charles III, alors que les candidats s'affairaient aux fourneaux. Espérons que les portes des grandes cuisines s'ouvrent également pour Euloge Malonga. Ce dernier a, en effet, su convaincre le jury d'exception de la sélection suisse pour le Bocuse d'Or Europe 2024, qui s'est déroulée le 13 novembre 2023 à Palexpo à Genève, dans le cadre de l'événement Cook'n'Show. Un soulagement pour ce père de famille, qui a passé la plupart de ses jours de congé à se préparer pour le jour J. «Je n'ai pas été très présent pour ma famille ces derniers temps. Mon épouse a été d'un grand soutien et a fait beaucoup de sacrifices. Lorsque je lui ai parlé de ma participation, elle m'a dit: <Si c'est important pour toi, ça l'est pour moi>. Je lui en suis très reconnaissant», indique l'heureux gagnant.

Le plus difficile est à venir

Cependant, l'heure n'est pas au repos pour le Congolais d'origine. En effet, la sélection européenne aura lieu en mars 2024. Après une courte pause pour reprendre ses esprits, Euloge Malonga devra donc mettre les bouchées doubles pour espérer faire partie des finalistes. «Le plus dur est à venir, les sujets de la prochaine étape ont été annoncés il y a deux semaines et les équipes des autres pays d'Europe ont déjà pu prendre de l'avance», indique Franck Giovannini, président de l'Académie suisse du Bocuse d'Or. «Par ailleurs, le niveau est très élevé dans la région Europe. Certains pays investissent énormément d'argent pour préparer le concours, grâce à des subventions publiques. En Suisse, le financement est garanti par l'Académie et même si nous offrons un encadrement et des conditions de préparation très professionnelles, il est difficile de rivaliser avec les favoris.»

Euloge Malonga a-t-il l'étoffe d'un finaliste ou même d'une place sur le podium? «Difficile à dire à ce stade. Les candidats travaillent énormément entre deux étapes. Lorsque j'ai participé, j'ai réussi à me hisser en finale de justesse, en remportant la dixième place de la sélection Européenne. Par la suite, j'ai remis beaucoup de choses en question, j'ai complétement revu ma copie et j'ai obtenu la cinquième place en finale», confie Stéphane Décotterd, membre du jury.

Beaucoup d'émotions

On l'aura compris, le Bocuse d'Or nécessite une implication énorme et un travail acharné, pour le gagnant, mais aussi pour les autres candidats, qui n'ont pas démérité. A l'annonce des résultats, on ressent énormément d'émotion dans les deux camps. Pasquale Altamonte (45 ans) en est à sa deuxième participation et même si sa deuxième place reste une belle performance, sa déception est à la hauteur de l'énergie investie dans l'aventure. «Je sors peut-être un peu trop du cadre», raconte le genevois. «Je livre une cuisine zéro déchets, mes poubelles et mon frigos étaient vides à la fin du concours. Cela ne me permet pas de mouler les légumes et ma présentation ainsi que les goûts que je propose sont un peu moins classique que ce que font d'autres candidats. Peut-être que cette approche n'est pas encore très valorisée dans l'Académie. Cependant je ne baisse pas les bras, même si je ne peux pas encore dire si je retenterai l'expérience une troisième fois!»