«La cuisine de production est un atout indéniable»

Isabelle Buesser-Waser – 07 novembre 2023
Alors que la saison de ski débute au Glacier 3000, GastroJournal s’est entretenu avec le directeur de la station, Bernhard Tschannen, au sujet de la gestion du personnel du restaurant Botta, de la gestion des flux de skieurs à l’heure du repas de midi et des perspectives d’avenir.

La saison de ski débute au Glacier 3000. C’est la deuxième depuis l’incendie du restaurant Botta survenu en septembre 2022. Le bâtiment, qui a pratiquement dû être reconstruit de A à Z est toujours en chantier. «Dans l’idéal, il nous faudrait encore une ou deux semaines de beau pour pouvoir terminer la structure extérieure et enlever la grue en décembre», raconte le directeur de Glacier 3000 aux Diablerets (VD), Bernhard Tschannen. «Ensuite il nous faudra encore environ six mois pour les aménagements intérieurs.» Si tout se passe bien, les clients pourront découvrir le nouveau bâtiment en mai 2024.

Cet agenda privera la station de son principal point de restauration pour la deuxième année consécutive. «Nous disposons tout de même de cinq lieux pour nourrir les skieurs en haute saison. Nous avons constaté que cela fonctionnait bien l’année dernière», précise Bernhard Tschannen. Cependant, si cela a été possible, c’est grâce à l’ouverture d’une cuisine de production au col du Pillon à peine quelques mois avant l’incendie. «Dans notre malheur, nous avons eu beaucoup de chance. Il aurait été très difficile de nourrir tous les skieurs sans cette nouvelle cuisine.»

Un rendement élevé
En novembre, les quelques téléskis ouverts du glacier sont pris d’assaut par les skieurs les weekends de beau temps. En observant les files d’attentes, on peine à imaginer que la structure de restauration temporaire de 70 places intérieures, le Carnotzet, puisse nourrir tout le monde. «Ces jours-là, l’engorgement est surtout présent sur les remontées mécaniques. Au Carnotzet, nous avons un rendement extrêmement élevé, avec un service très rapide, grâce au système mis en place avec la cuisine de production», indique le directeur de la station.

En mars 2022, la cuisine de production au restaurant du col du Pillon a été inaugurée, permettant d’élaborer de nombreuses préparations pour les points de vente d’altitude en amont, et cela même lorsque la benne ne peut pas monter à cause des intempéries. «Ça nous permet de mettre à profit les jours de fermeture et de nous concentrer sur le service lorsqu’il fait beau tout en proposant une cuisine maison», relève le CEO. Les préparations conditionnées pour être transportées jusqu’au point culminant de la station s’envolent par téléphérique avec le personnel avant l’ouverture. «C’est un atout indéniable. Le Carnotzet ne dispose que d’une toute petite cuisine, il serait impossible de servir autant de clients en cuisinant là-haut. Grâce à notre système, le personnel réchauffe simplement les plats maison et peut assurer un service extrêmement rapide. Lorsque nous ouvrirons le restaurant Botta, nous pourrons également l’utiliser pour certaines préparations destinées à notre restaurant haut de gamme.»

Même équipe, 1500 mètres plus bas
Après l’incendie, la cuisine de production n’a pas seulement permis de nourrir les clients sur le glacier, elle a aussi grandement facilité la gestion du personnel suite à l’incident. «Malgré la destruction du bâtiment, nous avons pu garder tous nos employés. Les rares départs étaient dus aux fins de contrats des saisonniers ou des démissions pour des raisons personnelles», indique Bernhard Tschannen. En effet, tout le personnel du restaurant Botta a intégré la cuisine du col du Pillon et prépare les repas des clients du Carnotzet, 1500 mètres plus haut. «Dans quelques mois, nous devrons recruter de nouvelles personnes pour l’ouverture du nouvel établissement à 3000 mètres d’altitude. Mais cela ne nous fait pas peur. Nous avons moins de peine à trouver du personnel grâce aux horaires que nous proposons. Sur le glacier, les journées se terminent à 17h.»

Un avenir radieux
Le budget du nouveau bâtiment qui devrait voir le jour en mai est conséquent, et même si les assurances ont couvert une grande partie des frais, Glacier 3000 en a profité pour y apporter quelques améliorations et adaptations. Pour cela, l’entreprise a investi de sa propre poche. «C’est un investissement important qui permet d’offrir un service de qualité et sûr. Ces coûts seront rentabilisés sur la globalité du domaine skiable.» L’avenir s’annonce donc radieux pour Glacier 3000 qui a bouclé sa meilleure année malgré de nombreuses difficultés. «On espère également pouvoir mieux exploiter le Black Wall (n.d.l.r. nouvelle piste ouverte en mars 2023, l’une des plus raides au monde), et l’ouvrir pour Noël. C’est un bel atout marketing et elle permet aux meilleurs skieurs de redescendre sur les lattes jusqu’au col du Pillon, où se trouvent le parking et un point de restauration. Les retours sur cette piste sont très positifs et malgré la pente nous n’avons déploré que très peu d’accidents», conclut le directeur.