«La pression financière sur la classe moyenne est très préoccupante pour la branche»

Isabelle Buesser-Waser – 04 janvier 2024
Alors que la saison de ski débute, le Boutique Hôtel Corbetta, qui a ouvert en juin dans la station des Paccots (FR) tire un bilan mitigé de ses premiers mois d'exploitation. L'enneigement en dents de scie et l'inflation pèsent lourd dans la balance de l'établissement 4 étoiles. Entretien avec la directrice, Annabelle Pauwels.

Le Boutique Hôtel Corbetta a été inauguré en juin. Quel bilan tirez-vous de ces premiers mois d'exploitation?

Annabelle Pauwels: C'est très mitigé. On s'attendait à ce que l'été soit bien rempli et que l'automne soit plus tranquille. Finalement, on s'en est bien sortis au mois de juin, mais juillet et août ont été catastrophiques. Contre toute attente, nous étions pleins en automne, grâce à la clientèle corporate.

Qu'est-ce que cette fréquentation surprenante implique?

C'est très difficile d'anticiper et de prévoir. Les clients réservent à la dernière minute et pour la gestion des ressources humaines, cela pose beaucoup de problèmes.

Quel était l'état des réservations avant les Fêtes?

La neige du mois de novembre nous a donné de faux espoirs, nous pensions avoir beaucoup de réservations pour la période de Noël et Nouvel an. C'est le début de la haute saison, qui durera jusqu'à la fin des vacances de février. Malheureusement nous n'avons pas tellement enregistré de réservations lorsque la neige est tombée, puis la pluie est revenue. Les clients attendent le dernier moment. Du côté de l'hôtellerie, Noël a été très calme, c'était un peu mieux pour Nouvel an, mais tout de même loin de ce que nous prévoyions. Heureusement, côté gastronomie cela marche mieux.

Quel est votre pronostic pour le reste de l'hiver?

Nous sommes très inquiets. Pour l'instant ça s'annonce très calme, même si nous espérons que les précipitations et les réservations arrivent encore.

Comment expliquez-vous cette situation?

Plusieurs facteurs sont en cause. Premièrement, l'inflation et la pression financière exercée sur la classe moyenne, qui est notre clientèle cible. Celle-ci voit les prix augmenter de tous les côtés et les salaires ne suivent pas. Alors que c'est une population qui consomme, elle se voit contrainte de limiter les dépenses et les loisirs sont les premiers à passer à la trappe. Si la classe politique n'intervient pas pour stopper cette hémorragie, les établissements 3 ou 4 étoiles, comme nous, sont en grand danger.

Deuxièmement, nous sommes situés dans une station de moyenne montagne. L'enneigement n'est pas garanti et l'année a mal commencé. En faisant une heure de route de plus, nos clients atteignent des stations valaisannes de haute altitude.

Par ailleurs, notre hôtel vient d'ouvrir, nous ne disposons pas encore d'une clientèle régulière et fidèle.

Et finalement, il y a beaucoup à faire pour dynamiser la station en dehors du ski et la rendre attractive aux yeux des touristes. En tant qu'établissement privé, nous mettons beaucoup de choses en place, mais si nous sommes seuls, cela ne suffit pas.

 

Quelle stratégie allez-vous appliquer à l'avenir?

Si la situation ne s'améliore pas rapidement, nous allons changer notre fusil d'épaule et nous concentrer sur la clientèle business. Nous devrons également planifier des fermetures annuelles, afin de limiter les pertes pendant les périodes les plus calmes.